Alors qu'encore beaucoup de catholiques préfèrent la Messe en latin selon sa forme d'avant le Concile Vatican II, le 16 Juillet dernier par un document, « Traditionis Custodes » (TC), le Pape François a pris une position très nette en faveur de la Messe issue de la Réforme Conciliaire, provoquants beaucoup de plaintes et de critiques. Moins en Italie.
« Nous sommes obéissants à l’Église pourquoi
nous priver de la Messe de la Tradition, la Messe de toujours, qui fait tant de
bien ? Le Pape ne nous connaît pas, et il manque de miséricorde, il ne
sait pas écouter les attentes des fidèles ! ... »
Quand il faut opérer, mettre seulement de la
pommade n’est pas être miséricordieux. Le Pape suit les intentions de ses
prédécesseurs et redresse avec miséricorde une situation qui reposait sur une
équivoque car la « Messe de la Tradition » ne suit pas la
Tradition vivante catholique, la
« Messe de toujours » n'est pas la messe de toujours, une « Messe
qui fait tant de bien » ne peut pousser pas à certaines façons de protester,
à des abandons de l’Église ou simplement à s’en poser la question.
J’essaie de m’expliquer :
Après TC les fidèles du Missel de 1962 souffrent ! Quiconque se voit privé de ce à quoi il tient,
souffre. Tous les saints ont souffert par l’Église, ont obéi à des décisions qu’ils
ne comprenaient pas. C'est la Croix. Mais subjectivement ma souffrance n'a pas plus de valeur que celle de n'importe qui. Je ne peux pas me réjouir du stop de la Congrégation à la bénédiction des couples homosexuels (ce que j'ai fait personnellement) sans comprendre que là aussi il ya des personnes qui espéraient voir reconnu ce qu'ils considéraient depuis longtemps comme un progrès nécessaire. La souffrance de mes amis ne dit pas qu'ils ont raison, comme la souffrance des "autres" ne dit pas qu'ils ont tort. Il faut donc raisonner de façon objective.
Liturgiquement, la décision de François est une question de discipline, alors que la pleine communion avec l’évêque de Rome est une question de Foi. Pape François, à tort ou à raison, a supprimé Summorum Pontificum (SP), maintenant il y a TC. Il est le Pape et il peut le faire, comme Jean Paul II a promulgué « motu proprio » Ecclesia Dei adflicta (ED) et Benoit XVI l’a substitué par SP. Quand Pie XII a commencé à réformer la Liturgie, il y eut des protestations !!!
« ED » au paragraphe 4, souligne la
racine de l’acte de désobéissance de Lefebvre qui l’a porté hors de l’Église :
« A la racine de cet acte
schismatique, on trouve une notion incomplète et contradictoire de la
Tradition. Incomplète parce qu'elle ne tient pas suffisamment compte du
caractère vivant de la Tradition qui, comme l'a enseigné
clairement le Concile Vatican II, «tire son origine des apôtres, se poursuit
dans l'Église sous l'assistance de l'Esprit-Saint: en effet, la perception des
choses aussi bien que des paroles transmises s'accroît, soit par la
contemplation et l'étude des croyants qui les méditent en leur cœur, soit par
l'intelligence intérieure qu'ils éprouvent des choses spirituelles, soit par la
prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme
certain de vérité(5)».
Mais c'est surtout une notion de la Tradition, qui
s'oppose au Magistère universel de l'Église lequel appartient à l'évêque de
Rome et au corps des évêques, qui est contradictoire. Personne ne peut rester
fidèle à la Tradition en rompant le lien ecclésial avec celui à qui le Christ,
en la personne de l'apôtre Pierre, a confié le ministère de l'unité dans son
Église(6). »
Retenir la Messe d’avant le Concile ou Vetus Ordo (VO)
plus adaptée aux temps présents que celle issue du Concile ou Novo Ordo (NO)
est avoir une notion incomplète de la Tradition, et en quelque mesure l’opposer
au Magistère universel de l’Église qui veut le NO.
Mais on me dit :« Est-ce
que la célébration actuelle de la Messe répond à la volonté des Pères
Conciliaires et à l'attente des fidèles ? ». Voyons ces deux questions:
A.« La Messe actuelle (sans les abus !),
répond-elle à la volonté des Pères Conciliaires ? ». La réponse est
oui. On peut le démontrer simplement en deux étapes :
1. « le VO correspond-il à la volonté des Pères Conciliaires ? ».
Non. Moins de deux ans après la nouvelle Édition du Missel, avec la Const.
Sacrosanctum Concilium, le Concile demande une révision générale de la
liturgie ! C'est bien dire que le Missel de 1962, malgré ses nouveautés, est
radicalement insuffisant pour les Pères du Concile.
2. « le NO correspond-il à la volonté de l’Église ?» Oui. La
Constitution Apostolique de Paul VI qui promulgue le Missel Romain réformé
selon le Concile Œcuménique Vatican II est claire. Les Papes successifs l’ont
confirmé.
B. « Le NO correspond-il aux attentes des
fidèles ? ». Qu’entend on par « attentes des fidèles » :
celles qui sont conformes à l’Évangile et à la Foi, ou bien ?... Et de
quels fidèles parle-t-on ? Ceux qui pensent comme moi ? Les « attentes
des fidèles » c’est l’argument pour demander le mariage homosexuel, ou celui
des prêtres, l’ordination des femmes, etc. La liste des « attentes »
et des « groupes de fidèles » peut s’allonger à l’infini. Est-ce que le
Pape et les Conciles ne servent pas justement à empêcher que l’on cède aux uns
et aux autres sans plus de référence à la Foi ?
Or le VO est seulement une phase de la Tradition latine, pas une tradition en
soi, comme le serait le
rite maronite par exemple. Vouloir conserver à tout prix le VO, mis à part un attacchement affectif, une question de gouts personnels qui n'ont rien à voir avec la foi, c'est un refus du caractère vivant de la Tradition, et, en pratique, de l’Esprit
Saint qui conduit l’Église. Pape François ne dit pas autre chose.
L’argument de la sainteté. Les « tradis » insistent pour dire que le VO a formé des saints et
porterait des fruits spirituels encore aujourd’hui. Si le VO était aussi
efficace, pourquoi a-t-il « formé » des pédophiles avant le
Concile ? C'est la communion avec le Christ dans l’Église qui porte à la
sainteté ou bien des formules de prière? Si, aujourd’hui, parmi les
adeptes du VO quelqu’un quitte l’Église ou seulement vacille dans son
appartenance à celle-ci, quels fruits spirituels ? « Extra Ecclesiam
Nulla Salus ».
Le mode de célébrer au temps de saint Justin (+ 150
après J.C.) est loin du VO (et plus proche du NO) et pourtant a formé des
martyrs, comme tous les Rites, supprimés-absorbés par la réforme de Saint Pie V,
ont formé des saints. Est ce que parmi les adeptes du VO morts après le Concile
il y a un dossier de canonisation à Rome? En flânant sur le site du Vatican je
n’en ai pas trouvé, au contraire du NO : Mère Theresa (+ 1997) n’a pas
fait de « guerre liturgique », ni Jean Paul II ou le Bx Cardinal Wysjzynski
(+ 1981), ni les 19 martyrs d’Algérie (+ entre 1994 et 1996), ni Marthe Robin (1902 – 1981), ni le
Professeur Lejeune (1936 – 1994), ni Padre Puglisi (1937 – 1993) ou le juge
Rosario Livatino (1952 – 1990) tués par la mafia "par haine de la Foi" et encore beaucoup
d’autres. Mais il y a aussi ceux qui n’ont connu que le NO. Je citerai
seulement deux Bx italiens, Chiara Badano (1971-1990) et Carlo Acutis (1990 –
2006), un « fana » de l’Eucharistie qui était pour lui son "autoroute vers le paradis" ! (Je conseillerai vivement
d’approfondir en particulier la figure de Carlo Acutis pas seulement dans une
visée apologétique du NO, mais pour la catéchèse de tous, en particulier des jeunes).
Aucun d’eux n’a été gêné par le NO dans sa vie de Foi. Si on constate que la
sainteté germe de préférence dans l’obéissance au Concile, pour moi c'est un signe clair que l’indult pour le VO, selon les intentions de Jean Paul II
dans ED, est une voie de garage miséricordieuse, une branche qui reçoit de
moins en moins de sève. Entre FORME ORDINAIRE et FORME EXTRAORDINAIRE, il est
évident que l’Église et les fidèles simples préfèrent la FORME ORDINAIRE. Dans l’Histoire,
les Conciles Œcuméniques ont toujours trouvé des oppositions et ont
toujours fini par triompher. Même quand, par exemple au moment du Concile
d’Éphèse (325), les évêques Ariens qui s’y opposaient étaient majoritaires. Où
sont aujourd’hui ces opposants ?
À 50 ans de la Réforme de la Liturgie, il est temps
d’inviter tous les fidèles catholiques de Rite latin à exprimer leur foi selon
un seul Rite latin pour obéir à l’Esprit Saint qui a suscité le Concile et guidé
les Papes successifs. D’ailleurs le VO a été conservé, traduit dans la langue
de tous les jours, dans le NO comme première prière eucharistique du Missel! C'est
ce que dit Pape François dans la lettre d’accompagnement de TC, malheureusement
et curieusement introuvable dans sa traduction française sur le Site du Vatican.
Mais il y a une bonne traduction de travail sur Zenit.org.
Marano di Napoli, 11 octobre 2021, mémoire de saint
Jean XXIII, 59° anniversaire de l’Ouverture du Concile Vatican II.
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