Représentation d'un plat de Pâques avec les aliments symboliques et des éléments saillants de la libération de l'Egypte. |
Une Cène de Pâques avec le dialogue des enfants. |
Pour comprendre la Messe il faut partir
de la Pâques en tenant compte de tous les éléments dont nous avons parlé la
fois précédente.
On a vu qu’il y a des fêtes cosmiques
et historiques.
Les peuples sémites, étant des Pasteurs,
fêtaient à leur façon le retour du Printemps. Retour du Printemps = libération
du froid, de la nuit, du manque de nourriture et donc, par conséquent, comme
tribu, libération des maladies et de
la mort.
On choisissait donc une nuit de pleine
lune (24h sans ténèbres) la première du printemps (promesse des jours qui
s’allongeront toujours plus, chaleur, nourriture, etc.). Toute la tribu se réunissait, on chantait, on dansait, on
faisait de prières et des sacrifices au divinités de la tribu, en
particulier les divinités de la fécondité. Le sacrifice n’est jamais un don
qu’on offre et on s’en va. Il y a toujours le sacrifice de communion. En
offrant à la divinité le meilleur (le gras !) on mange le reste en sa
présence, on est à table avec la divinité. La Pâques est une fête de communion avec la divinité. Étant
un peuple de pasteurs, on sacrifie et on mange la viande tendre d’agneaux. On
trouve déjà l’agneau pascal.
La
Pâques est une fête de Libération, et à son premier stade, c'est une liturgie
cosmique.
Dieu choisit une fête de Pâques pour
libérer son peuple de l’esclavage de l’Égypte. Cette liturgie annuelle
traditionnelle devient donc une fête historique,
mémorial d’un évènement de salut qui
marque la marche historique des descendants d’Abraham.
Le sang représente la vie. Offrir à la divinité un être vivant, en plus de la valeur économique, a une valeur sacrée et le sang en particulier. Son sang sur le linteau de la porte offre une protection contre le mal. Voyant le sang sur le linteau, l’ange de la mort qui frappera cette nuit là tous les premiers nés, sautera cette maison. Sauter c'est le sens du mot Pâques en hébreu : « Pesach ».
Demain Dieu libèrera le peuple de
l’Égypte donc il n’y a pas le temps de bien préparer, en particulier le temps
de la fermentation naturelle de la pâte et il faut obéir tout de suite à Dieu,
prêts à tout laisser. On mangera donc l’agneau accompagné de pain azyme. Le pain azyme est le
« pain de la hâte ». Dans la Cène pascale et plus tard dans
l’Eucharistie il sera le symbole de
l’esclavage et de la croix. Le vin sera introduit sans doute plus tard et symbolise la liberté, la fête après la victoire sur l'armée égyptienne. L’Assemblée c'est la famille, maison par maison (l’église
domestique dirions nous). Il faut manger un agneau et ne rien laisser, ce qui
reste il faut le brûler le lendemain. C'est l’agneau qui devient le critère
minimum du nombre nécessaire pour constituer l’Assemblée. Dans la codification
rituelle successive – quand on ne mangera plus un agneau entier – on définira
le Minian, le nombre minimum pour la validité de l’Assemblée (:11 hommes
adultes).
À son
deuxième stade la Pâques est une liturgie historique et toujours une fête de Libération,
cette fois-ci politique.
Chaque répétition annuelle rend vivante
et efficace cette libération. C'est un moment de grâce ou Dieu renouvelle sa
force de libération, rend plus forte l’identité du peuple e la compréhension de
l’Alliance qui le lie à Dieu. C'est un
mémorial, pas seulement un souvenir. Le peuple dans le désert a conscience que Dieu est au milieu d’eux.
Dans les moments d’angoisse il demandera : « Le Seigneur est au
milieu de nous, oui ou non? ». Les juifs ont très fort ce sens de la
présence efficace de Dieu au milieu de ceux qui sont unis dans son nom. La
présidente de l’amitié juifs-chrétiens de Naples, Alberta Lévi Temim, que
j’avais invité au couvent nous a fait dit après avoir vécu cette rencontre avec
notre communauté : « j’ai mieux compris avec vous ce que disent nos
sages, que Dieu est présent au milieu de ceux qui s’aiment ». C'était
sincère, notre communauté était assez fraternelle. La présence de Dieu se
manifeste aussi à travers le prophètes
qui parlent au nom de Dieu et encouragent, corrigent et reprochent.
En s’installant dans la Terre Promise le
peuple avec le Roi David veut construire un Temple. Ce sera Salomon qui le fera. Jésus l’appellera « maison de mon
Père » (Jean 2,16). Donc le fait d’un espace
sacré, organisé pour la prière et le culte, fait bien partie de la foi. Mais la
liturgie devient beaucoup plus officielle et les aspects extérieurs qui font partie de
la vie de foi ont souvent tendance à prendre le dessus.
Il survient une catastrophe nationale. Le
niveau des péchés du peuple, à commencer par ses gouvernants, devient trop
élevé. On se croit sûrs parce que on peut dire « Temple du Seigneur!,
Temple du Seigneur! ». Et voilà que le Règne du Nord (la Samarie et la
Galilée, plus ou moins) est détruit et ses habitants emmenés en exil. Quelques décennies
plus tard, c'est le tour de la Judée, au
Sud, avec Jérusalem, de tomber. Le Temple est détruit et là aussi le peuple est
déporté. Pendant l’exil il n’y a donc plus de Temple, plus de sacrifices, on ne se trouve même pas sur la Terre qui
était le Signe de l’Alliance avec Dieu, car il l’avait promise à Abraham et à
ses descendants. Tout semble perdu. Mais Dieu suscite l’esprit des Prophètes
qui rappellent sa fidélité dans la vie des Pères, malgré leurs nombreuses
infidélités. C'est ainsi que naît la
Synagogue (du mot grec « Sunagoghè » = rassemblement, assemblée,
traduction du terme hébraïque "knesset". La Knesset à Jérusalem c'est le
Parlement, l’Assemblée nationale, mais je me souviens d’avoir vu au dessus d’une
porte dans une rue de Jérusalem « Bayth
ha-knesset » « Maison de l’Assemblée ». C'était bien entendu une
synagogue. En arabe « église » se dit « kanyssat »). On
fait l’expérience de la présence de Dieu
à travers la Parole. Les prophètes donnent des indications et des commentaires sur le sens de l’histoire. On les recueille par écrit et ils circulent. Et on continue
à écrire sur des thèmes nouveaux, par exemple le récit de la Création qu’on trouve
dans la Genèse. Et bien entendu la Pâques prend une grande ampleur puisqu’elle se
célèbre en famille ou petit groupe de familles et rend présent le grand évènement
fondateur de libération : la sortie de l’Égypte.
Jésus fréquentera la synagogue de son village
et quand il évangélisera, il ira chaque samedi dans la synagogue du lieu. Il célèbrera chaque année la
Liturgie de la Pâques, d’abord avec sa famille, puis avec ses disciples, selon les
schémas qui se sont définis peu à peu le long du temps. Il sait que dans la liturgie Dieu passe et entraîne
son peuple vers la venue de son Royaume, vers le temps du Messie.
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