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sabato 26 marzo 2022

HOMELIE DU PAPE FRANCOIS POUR LA CONSECRATION DE LA RUSSIE ET DE L'UKRAINE (con link del testo italiano) /25 MARS 2022.



Pour les français non itialianisants j’ai traduit l’homélie du Pape d’hier, 25 mars 2022.

Testo originale italiano : Celebrazione della Penitenza e Atto di consacrazione al Cuore Immacolato di Maria (25 marzo 2022) | Francesco



Dans l'évangile de la solennité d'aujourd'hui, l'ange Gabriel par trois fois prend la parole et s'adresse à la Vierge Marie.

La première fois, en la saluant, il dit : « Réjouis-toi, pleine de grâce : le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). La raison de se réjouir, le motif de la joie, est révélé en quelques mots : le Seigneur est avec toi. Frère, sœur, aujourd'hui tu peux entendre ces paroles comme adressées à toi, à chacun de nous; tu peux les faire tiennes chaque fois que tu t'approches du pardon de Dieu, car là le Seigneur te dit : « Je suis avec toi ». Trop souvent nous pensons que la Confession consiste à aller à Dieu la tête baissée. Mais ce n'est pas d'abord nous qui retournons au Seigneur ; c'est lui qui vient nous visiter, nous combler de sa grâce, nous réjouir de sa joie. Se confesser, c'est donner au Père la joie de nous relever. Au centre de ce que nous vivrons il n'y a pas nos péchés, ils seront là, mais ils ne sont pas au centre; son pardon : voilà le centre. Essayons d'imaginer si au centre du sacrement il y avait nos péchés : presque tout dépendrait de nous, de notre repentir, de nos efforts, de nos engagements. Mais non, au centre c'est Lui, qui nous libère et nous remet sur pied.

Rendons le primat à la grâce et demandons le don de comprendre que la Réconciliation n'est pas d'abord un pas que nous faisons vers Dieu, mais son étreinte qui nous enveloppe, nous émerveille, nous émeut. C'est le Seigneur qui, comme à Nazareth chez Marie, entre dans notre maison et apporte un émerveillement et une joie jusque-là inconnus : la joie du pardon. Mettons la perspective de Dieu au premier plan : nous recommencerons à aimer la Confession. Nous en avons besoin, parce que toute nouvelle naissance intérieure, tout tournant spirituel part d'ici, du pardon de Dieu. Ne négligeons pas la Réconciliation, mais redécouvrons-la comme le sacrement de la joie. Oui, le sacrement de la joie, où le mal qui nous fait honte devient l'occasion de faire l'expérience de l'étreinte chaleureuse du Père, de la douce force de Jésus qui nous guérit, de la "tendresse maternelle" de l'Esprit Saint. C'est celas le cœur de la Confession.

Et puis, chers frères et sœurs, allons recevoir le pardon. Vous, frères qui administrez le pardon de Dieu, soyez ceux qui offrent à celui qui s'approche la joie de cette annonce : Réjouis toi, le Seigneur est avec toi. Pas de raideur, s'il vous plaît, pas d'obstacles, pas de gêne; portes ouvertes à la miséricorde ! De façon toute spéciale dans la Confession, nous sommes appelés à personnifier le Bon Pasteur qui prend dans ses bras ses brebis et les caresse ; nous sommes appelés à être des canaux de grâce qui versent l'eau vive de la miséricorde du Père dans l’aridité du cœur. Si un prêtre n'a pas cette attitude, s'il n'a pas ces sentiments dans son cœur, il vaut mieux qu'il ne confesse pas.

Pour la deuxième fois, l'Ange parle à Marie. À elle, troublée par la salutation reçue, il dit : « Ne crains pas » (v. 30). D’abord : « Le Seigneur est avec toi » ; deuxième mot : « Ne crains pas ». Dans l'Écriture, lorsque Dieu se présente à celui qui l'accueille, il aime dire ces deux mots : ne crains pas. Il les dit à Abraham (cf. Gn 15, 1), il les répète à Isaac (cf. Gn 26, 24), à Jacob (cf. Gn 46, 3) et ainsi de suite, jusqu'à Joseph (cf. Mt. 1,20). Il nous envoie ainsi un message clair et consolant : chaque fois que la vie s'ouvre à Dieu, la peur ne peut plus nous retenir en otage. Parce que la peur nous tient en otage. Toi, sœur, frère, si tes péchés t'effrayent, si ton passé t'inquiète, si tes blessures ne guérissent pas, si les chutes continuelles te démoralisent et qu’il te semble avoir perdu espoir, s'il te plaît, ne crains pas. Dieu connaît tes faiblesses et il est plus grand que tes fautes. Dieu est plus grand que nos péchés : il est bien plus grand ! il te demande une seule chose : tes fragilités, tes misères, ne les garde pas en toi ; porte les Lui, dépose-les en Lui, et de motifs de désolation elles deviendront des occasions de résurrection. Ne crains pas ! Le Seigneur nous demande nos péchés. Il me viens à l’esprit l'histoire de ce moine du désert, qui avait tout donné à Dieu, tout, et menait une vie de jeûne, de pénitence, de prière. Le Seigneur lui demandait plus. « Seigneur, je t'ai tout donné », dit le moine, « que manque-t-il ? ». "Donnez-moi tes péchés". C'est cela que le Seigneur nous demande. Ne crains pas.

La Vierge Marie nous accompagne : elle-même a jeté son trouble en Dieu. L'annonce de l'Ange lui donnait de sérieux motifs de crainte, lui proposait quelque chose d'impensable, qui dépassait ses forces et qu'elle ne pouvait gérer seule : il y aurait eu trop de difficultés, de problèmes avec la loi mosaïque, avec Joseph, avec les gens de son pays et son peuple. Ce sont là de vraies difficultés : ne crains pas.

Mais Maria ne soulève pas d’objections. Il lui suffit ce ne crains pas, il lui suffit être rassurée par Dieu. Elle s'accroche à Lui, comme nous voulons le faire ce soir. Parce que nous faisons souvent le contraire : nous partons de nos certitudes et ce n'est que lorsque nous les perdons que nous allons vers Dieu. La Madone, au contraire, nous enseigne à partir de Dieu, confiants qu'ainsi tout le reste sera nous sera donné (cf. Mt 6, 33 ). Elle nous invite à aller à la source, à aller au Seigneur, qui est le remède radical contre la peur et le mal de vivre. Ceci est rappelé par une belle phrase, reproduite au-dessus d'un confessionnal ici au Vatican, qui s'adresse à Dieu par ces mots : "S'éloigner de Toi c'est tomber, revenir à Toi c'est ressusciter, demeurer en Toi c'est exister" (cf. Saint Augustin, Soliloquium I, 3).

Ces jours-ci, des nouvelles et des images de mort continuent d'entrer dans nos maisons, tandis que des bombes détruisent les maisons de beaucoup de nos frères et sœurs ukrainiens sans défenses. La guerre brutale, qui s'est abattue sur beaucoup et nous fait souffrir tous, provoque la peur et la consternation en chacun. Nous ressentons en nous un sentiment d'impuissance et d'insuffisance. On a besoin qu'on nous dise "n'ayez pas peur". Mais la réassurance humaine ne suffit pas, il faut la présence de Dieu, la certitude du pardon divin, le seul qui annule le mal, désamorce la rancœur, redonne la paix au cœur. Revenons à Dieu, revenons à son pardon.

Pour la troisième fois, l'Ange reprend à parler. Maintenant, il dit à Notre-Dame : « Le Saint-Esprit viendra sur toi » (Lc 1, 35). "Le Seigneur est avec toi"; "Ne crains pas"; et le troisième mot est "le Saint-Esprit viendra sur toi". C'est ainsi que Dieu intervient dans l'histoire : en donnant son propre Esprit. Parce que dans les choses qui comptent, nos forces ne suffisent pas. Seuls nous ne réussissons pas à résoudre les contradictions de l'histoire et même pas celles de notre cœur. Nous avons besoin de la force sage et douce de Dieu, qui est le Saint-Esprit. Nous avons besoin de l'Esprit d'amour, qui dissout la haine, éteint la rancœur, éteint l'avidité, nous réveille de l'indifférence. Cet Esprit qui nous donne l'harmonie, parce qu'il est l'harmonie. Nous avons besoin de l'amour de Dieu car notre amour est précaire et insuffisant. Nous demandons tant de choses au Seigneur, mais nous oublions souvent de lui demander ce qui est le plus important et ce qu'Il désire nous donner : l'Esprit Saint, c'est-à-dire la force d'aimer. Sans amour, en effet, qu'offrirons-nous au monde? Quelqu'un a dit qu'un chrétien sans amour est comme une aiguille qui ne coud pas : il pique, il blesse, mais s’il ne coud pas, s’il ne tisse pas, s’il n'unit pas, il ne sert à rien. J'oserais dire : il n'est pas chrétien. Pour cela, il faut puiser dans le pardon de Dieu la puissance de l'amour, puiser le même Esprit qui est descendu sur Marie.

Car, si nous voulons que le monde change, c'est tout d'abord notre cœur qui doit changer. Pour cela, aujourd'hui laissons-nous prendre par la main de Notre-Dame. Regardons à son Cœur Immaculé, où Dieu s'est posé, à l'unique Cœur d'une créature humaine sans ombres. Elle est "pleine de grâce" (v. 28), et donc vide de péché : en elle il n'y a aucune trace de mal et donc avec elle Dieu a pu commencer une nouvelle histoire de salut et de paix. Là, l'histoire a pris un tournant. Dieu a changé l'histoire en frappant au Cœur de Marie.

Et aujourd'hui nous aussi, renouvelés par le pardon, frappons à ce Cœur. En union avec les Évêques et les fidèles du monde, je désire solennellement porter au Cœur Immaculé de Marie tout ce que nous vivons : lui renouveler la consécration de l'Église et de toute l'humanité et lui consacrer, de façon particulière, le peuple ukrainien et le peuple russe, qui avec une affection filiale la vénèrent comme Mère. Il ne s’agit pas d’une formule magique, non, ce n'est pas cela; mais c'est un acte spirituel. C'est le geste de la pleine confiance des enfants qui, dans la tribulation de cette guerre cruelle et de cette guerre insensée qui menace le monde, ont recours à la Mère. Comme les enfants, quand ils ont peur, ils vont vers leur mère pour pleurer, pour chercher protection. Nous avons recours à la Mère, jetant la peur et la douleur dans son Cœur, nous abandonnant à elle. C'est déposer dans ce Cœur limpide et non contaminé, où Dieu se reflète, les biens précieux de la fraternité et de la paix, tout ce que nous avons et sommes, afin que ce soit elle, la Mère que le Seigneur nous a donnée, à nous protéger et à nous garder.

De la bouche de Marie sort la plus belle phrase que l'Ange puisse rapporter à Dieu : « Qu'il me soit fait selon ta parole » (v. 38). Ce n'est pas une acceptation passive ou résignée de la part de Notre-Dame, mais le vif désir d'adhérer à Dieu, qui a « des projets de paix et non de malheur » (Jr 29, 11). C'est la participation la plus étroite à son plan de paix pour le monde. Nous nous consacrons à Marie pour entrer dans ce dessein, pour nous mettre à la pleine disposition des projets de Dieu. La Mère de Dieu, après avoir dit son oui, entreprit un long voyage en montée vers une région montagneuse pour rendre visite à sa cousine enceinte (cf. 1.39 ). Elle est partie en hâte. J'aime penser à Notre-Dame pressée, toujours comme ça, Notre-Dame qui se dépêche de nous aider, de nous protéger. Qu’elle prenne notre cheminer par la main aujourd'hui : qu’elle le guide sur les chemins escarpés et fatigants de la fraternité et du dialogue, qu’elle le guide sur le chemin de la paix.

 

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