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venerdì 2 settembre 2022

LA LITURGIE EST UNE PLANTE VIVANTE ET DOIT ETRE CULTIVEE AVEC SOIN / 1° sept. Discours du Pape à l'Association des Professeurs et Experts de Liturgie.


 

Personne ne pourra nier que le Pape a du courage dans ses décisions, en particulier dans sa volonté de redonner importance et splendeur à la Liturgie, et unité au rite romain. « Lex Orandi, Lex Credendi ». Le discours prononcé hier peut aider ceux qui  se posent des questions ou ne savent pas toujours répondre. La traduction française est faite par moi sur le texte original qu’on peut trouver ici : La Gioia del Vangelo: LA LITURGIA E' GIOIOSA SEMPRE, PERCHE' CANTA LA LODE AL SIGNORE / Discorso di Papa Francesco all'Associazione Italiana dei Professori e Cultori di Liturgia

Audience aux Membres de l'Association Italienne des Professeurs et Experts de Liturgie, 01.09.2022


[B0637]


Ce matin, dans le Palais Apostolique Vatican, le Saint-Père a reçu en Audience les Membres de l'Association Italienne des Professeurs et Experts de Liturgie et leur a adressé le discours suivant :

Discours du Saint-Père

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Je suis heureux de vous rencontrer en ces jours où vous célébrez le 50e anniversaire de l'Association des Professeurs et Experts de Liturgie. Je me joins à vous pour rendre grâce au Seigneur. Tout d'abord, remercions ceux qui, il y a cinquante ans, ont eu le courage de prendre l'initiative et faire naitre cette réalité ; puis remercions tous ceux qui y ont participé en ce demi-siècle, offrant leur contribution de réflexion sur la vie liturgique de l'Église ; et remercions pour la contribution que l'Association a apportée à la réception en Italie de la réforme liturgique inspirée par Vatican II.

Cette période de vie et d'engagement correspond, en fait, à la saison ecclésiale de cette réforme liturgique : un processus qui a connu différentes phases, de la première, caractérisée par l'édition des nouveaux livres liturgiques, à celles complexes de sa réception dans les décennies suivantes. Ce travail d'accueil est toujours en cours et nous voit tous engagés dans son approfondissement qui demande du temps et des soins, des soins passionnés et patients; elle requiert intelligence spirituelle et intelligence pastorale ; elle exige une formation, pour une sagesse de célébration qui ne s'improvise pas et doit être continuellement affinée.

Également votre activité d'étude et de recherche s'est mise au service de cette tâche, et j'espère qu'elle continuera à le faire avec un enthousiasme renouvelé. Je vous encourage donc à la poursuivre dans le dialogue entre vous et avec d’autres, car la théologie aussi peut et doit avoir un style synodal, impliquant les différentes disciplines théologiques et les sciences humaines, "en réseau" avec les institutions qui, même en dehors de l'Italie , cultivent et promeuvent les études liturgiques.

En ce sens nous comprenons - et c'est indispensable - votre volonté d'écouter les communautés chrétiennes, afin que votre travail ne soit jamais séparé des attentes et des besoins du peuple de Dieu. Ce peuple – dont nous faisons partie ! - a toujours besoin de se former, de grandir, et pourtant il possède en lui ce sens de la foi - le sensus fidei - qui l'aide à discerner, même dans le contexte liturgique, ce qui vient de Dieu et conduit réellement à lui (cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 119 ) ,.

La liturgie est l'œuvre du Christ et de l'Église, et en tant que telle, elle est un organisme vivant, comme une plante, elle ne peut être négligée ou maltraitée. Ce n'est pas un monument de marbre ou de bronze, ce n'est pas un musée. La liturgie est vivante comme une plante et doit être cultivée avec soin. Et puis, la liturgie est joyeuse, avec la joie de l'Esprit, pas d'une fête mondaine, avec la joie de l'Esprit. Pour cette raison, on ne comprend pas, par exemple, qu'une liturgie ait un ton funéraire ; ça ne va pas. Elle est toujours joyeuse, car elle chante les louanges du Seigneur.

C'est pourquoi votre travail de discernement et de recherche ne peut séparer la dimension académique de la dimension pastorale et spirituelle. « L'un des principaux apports du Concile Vatican II a précisément été d'essayer de surmonter le divorce entre la théologie et la pastorale, entre la foi et la vie » (Constitution apostolique Veritatis gaudium, 2 ; du 8 déc. 2017). Nous avons besoin, aujourd'hui plus que jamais, d'une vision élevée de la liturgie, telle qu'elle ne se réduise pas à de vaines discussions sur la rubrique : une liturgie qui ne soit pas mondaine, mais qui fasse lever les yeux au ciel, pour sentir que le monde et la vie sont habités par le Mystère du Christ; et en même temps une liturgie « avec les pieds sur terre », propter homines (1) , pas loin de la vie. Pas avec cette exclusivité mondaine, non, ça, ça n'a rien à voir. Sérieuse et proche des gens. Les deux choses ensemble : tourner notre regard vers le Seigneur sans tourner le dos au monde.

Récemment, dans la Lettre Desiderio desideravi sur la formation liturgique, j'ai souligné la nécessité de trouver des voies adéquates pour une étude de la liturgie qui dépasse la sphère académique et atteigne le peuple de Dieu. À partir du Mouvement Liturgique, beaucoup a été fait en ce sens, avec les précieuses contributions de nombreux érudits et de diverses institutions universitaires. J'aime rappeler avec vous la figure de Romano Guardini, qui s'est distingué par sa capacité à diffuser les acquis du mouvement liturgique en dehors de la sphère académique, d'une manière accessible et simple, car chaque fidèle - à commencer par les jeunes - puisse grandir dans la connaissance vivante et expérientielle du sens théologique et spirituel de la liturgie. Que sa figure et son approche de l'éducation liturgique, à la fois moderne et classique, soient pour vous une référence, afin que votre étude conjugue intelligence critique et sagesse spirituelle, fondement biblique et racines ecclésiales, ouverture à l'interdisciplinarité et à une attitude pédagogique.

Les progrès dans la compréhension et aussi dans la célébration liturgique doit toujours s'enraciner dans la tradition, qui te porte toujours en avant dans le sens que veut le Seigneur. Il y a un esprit qui n'est pas celui de la vraie tradition : l'esprit mondain du « reculisme », qui est à la mode aujourd'hui : penser qu'aller aux racines, c'est revenir en arrière. Non, ce sont des choses différentes. Si on va aux racines, les racines te portent vers le haut, toujours. Comme l'arbre, qui pousse à partir de ce qui vient de ses racines. Et la tradition, c'est vraiment aller aux racines, car c'est la garantie de l'avenir, comme disait Mahler. Au contraire, le  « reculisme » signifie revenir deux pas en arrière parce que le "on a toujours fait comme ça" c'est mieux. C'est une tentation dans la vie de l'Église qui conduit à un restaurationisme mondain, déguisé en liturgie et en théologie, mais c'est mondain. Et le « reculisme » est toujours mondanité : c'est pourquoi l'auteur de la Lettre aux Hébreux dit : « Nous ne sommes pas des gens qui reculent » (2) . Non, vous continuez, selon la ligne que la tradition vous donne.(3)  Revenir en arrière, c'est aller contre la vérité et aussi contre l'Esprit. Faites bien cette distinction. Car dans la liturgie nombreux sont ceux qui se disent « selon la tradition », mais ce n'est pas le cas : tout au plus seront-ils traditionalistes. Un autre a dit que la tradition est la foi vivante des morts, le traditionalisme est la foi morte de quelques vivants. Ils tuent ce contact avec les racines en allant en arrière. Faites attention : aujourd'hui la tentation est le « reculisme » déguisé en tradition.

Et, enfin, peut-être le plus important : que votre étude de la liturgie soit imprégnée de prière et de l'expérience vivante de l'Église qui célèbre, pour que la liturgie « pensée » jaillisse toujours, comme d'une sève, du vécu liturgique. La théologie se fait avec un esprit ouvert et en même temps « à genoux » (cf. Veritatis gaudium, 3). Cela est vrai pour toutes les disciplines théologiques, mais plus encore pour la vôtre, qui a pour objet l'acte de célébrer la beauté et la grandeur du mystère de Dieu qui se donne à nous.

Avec ce souhait, je vous bénis tous cordialement ainsi que votre cheminement. Et je vous demande, s’il vous plait, de prier pour moi. Merci.

[01289-FR.02] [Texte original : italien]

[B0637-XX.02]

(1) Le Concile de Trente a dit que les Sacrements sont « propter homines » « pour les hommes ». C'est-à-dire qu’ils sont faits pour être reçus – contre toute tentation Janséniste – et aussi célébrés de façon à être compris par ceux qui les reçoivent.

(2) « Nous, nous ne sommes pas de ceux qui reculent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme ». Hébreux 10,39

(3) cfr Filippiens 3,16-17 « Seulement, du point où nous sommes parvenus, continuons à marcher sur la même ligne. Soyez tous mes imitateurs, frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous ».





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